Veils Of Maya – « Eclipse »

Il y a beaucoup à dire sur cet opus aussi court qu’intense, je ne me répandrais donc pas en avant-propos. Ensemble, tordons le coup à la maxime « garder le meilleur pour la fin » et évoquons de suite le meilleur de ce Eclipse signé Veil Of Maya, combo signé chez Sumerian Records, à savoir le diptyque « Winter is Coming Soon » et « The Glass Side ». Les deux titres n’ont, certes, aucun liant textuel mais sont tous deux emprunts d’un grain plus mélodique que les autres morceaux de cet opus. « The Glass Side » nous offre un deathcore nuancé servi par des séquences de guitares aussi techniques que démentielles. « Winter is Coming Soon » lâche une grosse frappe d’entrée sur un rythme athlétique et soutenu par quelques sonorités plus synthétiques en arrière-plan. Un détail, qui fait la différence, en forme d’antichambre à un interlude plus calme à mi-morceau avant de revenir à la charge, jouant diaboliquement sur l’effet de surprise. Incontestablement le meilleur titre de cette galette et la preuve que Veil Of Maya souhaite véritablement nous plonger dans son univers.

Eclipse est un disque qui se lit comme un disque de musique classique : les émotions s’enchaînent et s’interprètent au fil des ambiances et des rythmes qui passent, s’enfuient et reviennent. Plus corrosif et saccadé, « Divide Paths » joue également sur l’effet de surprise, l’urgence en plus. Le morceau imprègne, d’entrée, une dimension quasi-ésotérique et pleine d’exotisme à l’album, à l’instar de son opening « 20-200 » et son atmosphère presque surnaturelle. Si Veil Of Maya sait cogner, la formation laisse malheureusement indemnes quelques poncifs inhérents au Deathcore que l’on aurait aimé voir bousculés, pour ne pas dire anéantis.

Point largement positif : les quelques instants claviers ne prennent pas les morceaux en otage et apparaissent avec une parcimonie propice à créer la surprise. « Vicious Circle » s’ouvre par quelques notes facétieuses ; un prélude au déluge qui s’annonce et « Numerical Scheme » revêt une forte consonance symphonique avec son opening à la Nightwish, avant de revenir sur un schéma plus classique, toujours en saccade et en variations, alternant screams gras et gutturaux. « Eclipse », morceau titre de l’album, marque une pause avant le finish « With Passion and Power ». Presque radiophonique, la pénultième et instrumentale piste de cet opus aurait pu être mieux exploitée, accompagnée d’une légère séquence de chant clair par exemple, même si le Deathcore souffre souvent de cet ajout mal négocié.

Veil of Maya ou quand le deathcore drague le septième Art. Aussi mélodique que technique, parvenant à jouer avec le suspens, la peur et autres émotions inhérentes au Grand Ecran, Eclipse est album qui séduit parce qu’il est raconté, au delà d’être simplement interprété. Une poignée de trames au chant clair aurait été de bon ton, pour relever encore un peu plus ce contraste entre féerie et démence, maquillé par d’astucieuses nappes au clavier et quelques blasts surpuissants. Un disque, trop rapidement, mais intelligemment mené qui, à défaut de m’avoir complètement satisfait par son originalité, aura su me dévoiler ses arguments les plus pertinents. A recommander aux fans du genre.

Tracklist :

01. 20/200

02. Divide Paths

03. Punisher

04. Winter Is Coming Soon

05. The Glass Slide

06. Enter My Dreams

07. Numerical Scheme

08. Vicious Circles

09. Eclipse

10. With Passion And Power

Kevin Dufrenoy