Interview : Yann Armellino

Si vous voulez un aperçu de ce qui se fait de mieux actuellement dans le rock Français, Yann Armellino est l’homme de la situation.
L’autodidacte nous offre un florilège de reprises et de compositions originales pour le plus grand bonheur des amateurs de bons riffs.

Dans les bacs depuis début 2011, « Revisited » est l’album qu’est venu nous présenter le guitariste français.

ATR : On te surnomme souvent le « Joe Satriani français », est-ce que cette comparaison te dérange ?

Yann Armelino : Je dirais pas que ça me déplait, ce serait mentir. C’est très flatteur, maintenant à dire que c’est vrai je ne sais pas… J’ai plus de cheveux que lui en tout cas (rires)

ATR : Te considères-tu comme un guitar hero ?

YA: Non. C’est une appellation que je n’aime pas beaucoup. Qu’est ce que ça veut dire « guitar hero » ? . Pour moi il y a eu des héros de la guitare comme Hendrix, sans lui on n’en serait pas là aujourd’hui.
Après ça reste une étiquette, on aime bien en donner dans la musique mais je n’ai pas la prétention de me considérer comme tel.

ATR : Contrairement a Satriani, ton son est très naturel, c’est ce que tu cherchais ?

YA: Je n’ai pas pour habitude de mettre beaucoup d’effets dans mon son, bien qu’à l’époque j’en utilisais trop.
Mais maintenant je pars du principe qu’un bon ampli avec une bonne guitare peuvent suffire. Jsuis pas du genre à utiliser 15 000 pédales. Donc ce n’est pas une vraie volonté, une fois que t’as trouvé le son qui te convient…

ATR : C’est donc venu naturellement…

YA:  Oui donc pourquoi essayer de changer. A l’époque je jouais avec beaucoup plus de chorus, le son de Mr Big tu vois. Lui en abuse dailleurs. Alors j’aime bien, ça fait partie de son jeu mais ça peut être un peu fatiguant.
Quand j’ai tourné avec Freak Kitchen, c’est le batteur du groupe qui était venu me voir en me disant  « Tu devrais essayer de baisser ton chorus »  et j’ai répondu « Ok, j’essaye demain ». En fait, ça partait d’une blague et j’ai trouvé ça vachement mieux, j’ai donc  tout viré et gardé le minimum.

ATR : Quel part tu donnes à l’improvisation dans tes compos ?

YA: Quand je compose un titre instrumental, j’essaye toujours de partir du principe de  ne pas me dire que c’est pour de l’instrumental. Je vais composer un instru comme je vais composer n’importe quel titre.
En gardant des structures assez traditionnelles (intro, couplet, refrain).

Après l’improvisation c’est ce qu’il y a entre ces parties la. C’est suivant les ambiances qu’on va faire un truc ou un autre. Au fur et à mesure du temps tu t’appropries tes propres titres ou les reprises que tu joues et c’est le coté plutôt grisant de faire de l’instru : pas de limites, tu peut te lâcher : t’auras pas ton chanteur qui va te mitrailler du regard !

ATR : Sur l’album il y a une reprise de John Lenon et de Kiss. Ils font partie de tes principales influences ?

YA: Alors Kiss oui clairement car c’est grâce à ça que j’ai voulu me mettre à la musique. Maintenant Lenon non, c’est pas une influence, mais « Imagine » est pour moi un des plus beaux si ce n’est le plus beau morceau jamais composé, j’avais envie de m’y atteler depuis des années. J’ai rajouté des petits trucs, des petites surprises à droite à gauche…

ATR : Est-ce que ta prévu de représenter l’album sur scène ?

YA: Tout a fait, il va y avoir du live. On y travaille, on essaye de monter quelque chose d’assez ludique pour le public et nous dans des salles correctes, en France comme à l’étranger.

ATR : Si tu pouvais dire mot sur chaque titre ?

YA: « Rock Fort Show » : Cela vient d’une émission du même nom, une hébdo. Mon ami qui anime cette émission depuis 27 ans a voulu refaire un générique et à lancé un appel d’offres comme ça. Je lui ai dis pourquoi pas, puis j’ai composé ça.

« Smile » : Un titre que j’avais composé en pensant à Blue Saraceno, un guitariste américain que j’aime beaucoup. Un truc assez catchy entre le blues et le heavy, du heavy blues ! J’aimais bien le coté trio (basse batterie guitare)

« Rythm’hyn booze » c’est un titre que j’ai composé avec un ami sSefanne Bergeon. C’est à la base un clin d’œil pour AC/DC . Du Hard Rock,  pour donner l’envie aux gens de taper du pied.

« I Heard It Through the Grapevine » : c’est un reprise de Marvin Gay, pourquoi ce titre ? Marvin Gay, Stevie Wonder, c’est vraiment magnifique, un tel groove…

« Overse »a : Par rapport à la situation géographique de moi et mon chanteur qui habite au Texas, la mer nous sépare.

Et le « Revisited », le nom de l’album, c’est parce que je revisite mon répertoire, celui des autres… C’est sur une idée de mon responsable de label sur lequel j’ai sorti le dvd « Je suis guitariste ».

ATR : Quel conseil donnerais-tu justement à un guitariste débutant ?

YA: De s’acheter le dvd « Je suis guitariste » (rires).
Il faut écouter bcp les autres, jouer en groupe, faire beaucoup de rythme. Ne surtout pas se dire « Je vais jouer le solo de Steve Vai » au bout de 15 jours.
Il vaut plutôt mieux essayer d’apprendre  la rythmique de Malcom Young.

ATR :Penses- tu te tourner un jour vers des choses plus métal ?

YA: Hum… Non, même si j’écoute toujours du Metallica, Slayer : c’est des choses que j’ai beaucoup travaillé. « Raining Blood » était dailleurs un de mes albums de chevet.

ATR : Des idées pour ton prochain album ?

YA: C’est un peu tôt pour en parler mais j’y pense, c’est en chantier. Déjà une dizaine de titres dans la boite, ce sera beaucoup plus rock que le précédent. Ce sera peut être avec Chris, il y a quelques milliers de km entre  nous mais je lui envoyé les titres…

ATR : Par internet je suppose. Internet facilite certaines choses mais peut aussi s’avérer problématique…

YA: Ça nous aide pas, le jour de la sortie de mon album, j’étais disponible partout illégalement. Dans tout les torrent, sur e-mule… A coté de ça, il y a aussi les plateformes d’écoute en streaming comme Spotify ou Deezer qui sont très peu rémunératrices pour nous.

ATR : Justement, comment vous contactent ces plateformes ?

YA: Ils ne nous contactent pas en fait. Ils préviennent le distributeur, on touche à chaque écoute mais bon ça suffit pas. C’est « légal » mais bon…Malheureusement on ne peut pas se battre contre ça.
Si ça se trouve c’est mon dernier album physique, je ne sais pas !

Propos recueillis par Louis Eustache