Interview : Lofofora

MT - 13/11/11 19:49

1 – Votre nouvel album « Monstre Ordinaire » signe le grand retour de Lofofora après « Mémoire de Singes » sorti il y a 4 ans. Qu’avez-vous fait ces dernières années ?

Une partie de baby foot, une indigestion de moules, changé mon abonnement internet, fumé quelques milliers de pétards…Non sérieusement, nous avons changé de batteur, fait quelques dizaines de dates, Daniel a passé un an à l’étranger et puis nous avons passé pas mal de temps sur la route avec le bal des enragés. Enfin on a bossé sur cet album.

2 – Cela fait maintenant plus de quinze années que Lofofora est classé comme une référence du rock plus ou moins indé en France (Sriracha rcds, Virgin, At(h)ome, Wagram). En 2011, qu’est ce qui a changé avec les majors ?

Je ne sais pas vraiment puisqu’on y est plus depuis 13 ans maintenant . On s’est pas mal fait craché dessus à l’époque comme quoi nous étions des vendus alors que la plupart des labels sois disant alternatifs se bouffaient la gueule pour des histoires de pognon. La vérité, c’est que Virgin pensait signer son Rage Against The Machine français, quand ils ont vu que l’on était pas malléables nos relations se sont gravement dégradées. En attendant on avait profité d’eux pour se faire connaître. Depuis nous sommes dans les réseaux indépendants, aujourd’hui chez at(h)ome qui se battent pour continuez à offrir de la diversité face à la sous-culture starac bling-bling.

3 – « Monstre Ordinaire » ? Que signifie ce titre ? Le visuel me rappelle immédiatement la couverture du film « La Colline a Des Yeux », c’est un lien avec le titre de l’album peut-être ?

L’album aurait pu s’appeler « Chroniques de la monstruosité ordinaire » mais ça faisait un peu long. Le visuel, c’est le boulot du photographe Eric Canto avec qui nous avons été en contact lors des derniers mois de composition. On lui envoyait les maquettes, les textes, des références visuelles ou cinématographiques qui étaient d’ailleurs plus orientées vers le « Docteur Jekyll & Mister Hyde » avec Spencer Tracy que vers »La colline a des yeux ». On avait envie de photos qui sembleraient être extraites d’un film dont chacun pourrait imaginer l’histoire. En découvrant le résultat, j’ai pour ma part pensé à « There Will Be Blood », « No Country For Old an » ou « Breaking Bad » et aussi à « Casino » et « Bernie ».

4 – L’ampleur de la production n’a rien à envier aux prods de groupes métal américains, qui en est l’auteur et comment cela s’est il déroulé ?

Nous sommes allés chez Serge Morattel à Genève dont nous adorions le travail qu’il avait fait avec Houston Swing Engine et Knut entre autres. Ce fut l’une des meilleurs rencontres de l’histoire du groupe, un mec en or! Il s’est investi à fond dans ce disque. Pendant 2 semaines on étaient sur la même longueur d’onde et il nous a permis de sortir le meilleur de nous même.

5 – A l’écoute de titres comme « La Merde en Tube », « Cannibales » ou « Utopiste », l’esprit de revendication voire de rebellion se fait ressentir. Contre qui ou quoi en avez-vous assez ces derniers temps ?

Tu veux dire après quoi j’en ai? Après ce discours généralisé sur la crise économique où l’on essaie de nous faire gober que l’argent a disparu dans un trou noir alors que le marché du luxe connait un essor sans précédent. Aujourd’hui on demande aux retraités, aux fonctionnaires et à la classe moyenne Grec de payer le prix du désastre provoqué par les banques alors que 130 milliards provenant de riches grecs ont étés transités vers leurs comptes en Suisse. Et en France ont est pas vraiment mieux lotis. Le protectionnisme économique n’est pas la solution, c’est  l’économie globale et surtout la façon de fonctionner des bourses et des banques qui sont entièrement à revoir.

6 – On a pu apercevoir récemment Reuno en duo sur un titre avec les excellents Bukowski .Y a-t-il des groupes actuellement dont vous vous sentez plus proches ?

Nos potes de Tagada Jones et bien sur Parabellum, Black Bomb A, L’Esprit du clan, Punish Youself mais aussi 7 Weeks, Noïd, Zöe…

7 – Après 21 ans d’existence, 7 albums, plusieurs EP et lives ainsi que de nombreuses scènes, quel bilan faites vous pour Lofofora ?

Pour ma part, celui de la moitié de ma vie passée sur les routes avec mes potes, à faire du bruit. C’est un bon moyen pour se sentir à peu prêt libre et c’est ce goût pour la liberté que nous avons envie de partager avec des centaines de gens tout les soirs. Pas grand chose à regretter de toutes ces années, on a tout fait comme on l’a voulu, avec des erreurs parfois mais au moins c’était les notres. Et puis je crois qu’on a jamais été aussi bons que maintenant, donc ça valait vraiment le coup de continuer.

8 – Enfin, avez-vous un dernier mot à dire pour les amateurs d’All The Rage TV ?

Soutenez vos groupes locaux, les cafés concerts, les petites assos, les labels indépendants, les webzines, ce sont tout ces passionnés qui font vivre la scène, la vraie. Celle qui transpire pour le plaisir pas pour le fric. Achetez encore quelques disques, que les groupes que vous aimez puissent continuer à exister, parce que la production d’un album ça coûte de l’argent. Mais surtout, arrêtez de dépenser 60 euros et plus pour des concerts de merde organisés par des multinationales de l’entertainment. Continuer à les engraisser, c’est signer l’arrêt de mort de la culture.

 

Propos recueillis par Luke pour All The Rage TV.

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