Bad Religion – « True North »

- 30/01/13 21:32

Bad Religion est, à ma connaissance, le seul groupe de punk rock encore actif qui jouisse d’un réel respect de la part de toutes les sphères musicales et ce depuis plus de 30 ans maintenant. Il faut dire qu’ils ont tout pour eux ! Généreux avec leurs fans aussi bien sur scène que sur album, Bad Religion c’est aussi un engagement fin et des lyrics d’une qualité déconcertante allant bien au-delà de la simple dénonciation sociétale. Pourtant, le groupe m’a déçu. Bon le terme est un peu fort, disons simplement qu’ils m’ont quelque peu déconcertés avec leur précédent album The Dissent Of Man. Le cul coincé entre deux chaises, l’album perdait en fougue, en énergie et en puissance sans pour autant être une prouesse de songwritting et de finnesse. Un méli-mélo au goût amer que Bad Religion veut aujourd’hui effacer. True North débarque en ce début d’année et au vu des premiers titres mis en écoute, on s’attend à prendre une sacré claque. Vais-je tendre l’autre joue ?

Dès le titre éponyme, ça part sur les chapeaux de roues et la recette Bad Religion appliquée méthodiquement fonctionne avec brio (avec qui ?). La voix de Greg Graffin est parfaitement en place, la batterie est puissante à souhait et les chœurs emblématiques du groupe se font suffisamment discrets pour ne pas devenir parodiques et rester bien présents. Le mix global est agressif bien que la prod’ donne un certain grain old school agréable. « True North » est torché en moins de 2 minutes et c’est un bon signe. Tout l’album s’enchaine d’une traite, 35 minutes pour 16 titres : Qui dit mieux ?

Je retiens d’emblée le retour des leads guitares furieuses de Brett Gurewitz comme le groupe nous en gratifiait en permanence à la grande époque (fin des années 80 et début des années 90). Tout au long de l’album les soli de guitare énervés sont mis en avant. Les dix premières minutes ne nous offre pas de répit, tout va vite, très vite sans pour autant asphyxier l’auditeur. On sent une homogénéité que l’on n’avait plus connue chez Bad Religion depuis bien longtemps et si beaucoup trouve cela positif, on peut toutefois regretter qu’aucun tube ne se détache particulièrement de ce début d’album. L’artwork lui-même rappelle les meilleures productions du groupe. Cette jaquette grise et minimaliste est loin de me déplaire et j’avoue qu’elle m’a mis l’eau à la bouche. La violence de « Land of Endless Green », nous ramène 25 ans en arrière et on peut déjà parier que le titre donnera lieu à de furieux pogos. Le solo de guitare très Social Distortion dans l’âme ne vient rien gâcher et la formule à trois guitaristes prend ici une ampleur toute particulière. On retrouvera cette violence sur « My Head Is Full Of Ghosts » ou encore « Nothing To Dismay »« Dharma and The Bomb » gagne le titre honorifique de meilleur ovni de cet album. Le placement de voix de Greg Graffin et son articulation surprendra certains mais donne une salutaire bouffée d’oxygène au groupe. Musicalement le tout est plus aéré qu’à l’accoutumée et Bad Religion renoue avec sa tradition des solos de guitares en début de morceaux rappelant (« I Want To Conquer The World » ou « Two Babies In The Dark »). « Hello Cruel World » est le premier down tempo de l’album. Un peu poussif le titre a le bon goût d’apaiser les oreilles entre deux envolées sans pour autant convaincre vraiment. Ses 3 minutes 50 au compteur n’y sont sûrement pas étrangères. Pire, pour la première fois je trouve la batterie de Brooks Wakerman en totale inadéquation avec le morceau. Une fausse note tout juste sauvée par un solo original, inattendu et digne des meilleurs branleurs de manches.

Et c’est parti pour une seconde partie d’album plus largement référencée late 90’s et early 00’s. Cette fois-ci le rythme est moins soutenu bien que les titres restent courts. « In Their Heart Is Right » nous dévoile un refrain pour le peu surprenant qu’il m’a fallu digérer mais qui s’avère plutôt efficace. Il rappelle étrangement le refrain de « Violent Pornography » de System Of A Down. La structure du titre et la contradiction marquée entre des chœurs aériens proche d’un opéra moderne et la batterie martelant fonctionne ici à la perfection. Bad Religion se paye même le luxe d’un titre épique ! « Crisis Time » nous emporte et nous donne déjà envie de scander les lyrics, la main posée sur le cœur ! Les dernières pistes de l’album se laissent écouter bien que ceux-ci semblent moins marquants aux premières écoutes. On ressent justement grâce à ces quelques pistes que True North gagnera à être réécouté encore et encore pour dévoiler tout son potentiel. L’album se clos ainsi sur « Changing Tide », titre on ne peut plus classique du groupe mais très réussi. Ses chœurs particulièrement travaillés réjouiront les amateurs du genre et pousseront la majorité d’entre nous à relancer une écoute de True North !

Si cet album apparaît d’abord comme un hommage aux années fougueuses du groupe, il regorge toutefois de bonnes trouvailles et d’innovations, certes légères mais bel et bien présentes. Un ou deux titres passables rendent l’album parfois peu digeste malgré sa courte durée mais rien de rédhibitoire. True North réjouira forcément les fans de Bad Religion tant celui-ci correspond aux canons esthétiques que le groupe a lui-même établi dans le cœur de ses afficionados ! Amoureux de la bande à Gurewitz, cet album est pour vous. Un joli cadeau offert par Bad Religion à ses fans, histoires de montrer qu’ils sont toujours dignes de notre respect le plus profond !

 

Tracklist :
01. True North
02. Past Is Dead
03. Robin Hood In Reverse
04. Land Of Endless Greed
05. Fuck You
06. Dharma And The Bomb
07. Hello Cruel World
08. Vanity
09. In Their Hearts Is Right
10. Crisis Time
11. Dept. Of False Hope
12. Nothing To Dismay
13. Popular Consensus
14. My Head Is Full Of Ghosts
15. The Island
16. Changing Tide


Cellar Door

 

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