Lost In Kiev – « Motions »

- 21/08/12 19:08

Lost in Kiev, je fais les yeux doux au groupe parisien depuis le jour où j’ai pour la première fois entendu leur démo Hopes, Fights & Desillusions. J’ai une profonde admiration pour eux et je me suis même goulument régalé lors de leur passage au Klub au début de printemps dernier. Vous pensez donc que lorsque j’ai eu l’occasion d’écouter en avant-première leur premier full-length Motions j’ai été pris d’une frénésie presque incontrôlable.

Lost in Kiev ce n’est pas vraiment un groupe de post rock comme les autres, il se distingue très facilement de la tendance instaurée par les grands du nom, grâce à une personnalité inimitable, un style qui se marie aisément avec le monde du metal, et une véritable classe que l’on ne peut nier. Il suffit de lancer le disque, et après une introduction aussi courte que plaisante on se plonge dans « A mere shift of origin », véritable porte d’entrée pour un monde quasi céleste. Au détour de phases de post rock pur aux mélodies enchanteresses et à l’atmosphère légère vient se caler des riffs de metaleux venus d’outre-tombe, un contraste saisissant qui rappelle que si la beauté est à la portée de tous, savoir la mettre en avant a un prix, et il s’appelle l’originalité. En annonçant la couleur dès le début, Lost in Kiev se place à un niveau qu’il est difficile de dépasser (vous saurez comment ils réussiront ce prodige un peu plus loin), mais qui en contrepartie fascine par l’ambiance propre qu’il y a sur chacun des morceaux. On passe d’un prélude tiraillé entre ses origines à une tristesse profonde, puis de l’excitation incontrôlée aux déceptions déstructrices, et des déceptions destructrices à la fin déprogrammée. Cette fin quoique surprenante est simplement parfaite, une fin apocalyptique, une fin de martyr, une fin d’opéra, une fin qui vous mettra à genou, vous fera lever les yeux au ciel les bras en croix, et vous fera prononcer ces mots : qu’attends-tu de plus de nous ?

Mais avant d’en arriver à cette fin il faudra faire ce voyage, cette sorte de vie que l’on traverse et où les émotions nous consument, on reconnaitra l’angoissante « I’m stuck » et la salvatrice « Under close surveillance », toutes deux des passages initiatiques pour pénétrer physiquement dans la matrice. Entre temps la terriblement émouvante et presque insoutenable « Hopes fights & desillusions » vous poussera à l’abandon de vos rêves, avant d’être récupéré de justesse par « Under close surveillance », leur meilleur morceau jamais crée à ce moment de l’album. Avec Lost in Kiev on ne se sent jamais vraiment seul, car ce qui peut être l’un des défauts du post rock – la solitude – est ici maitrisé avec brio grâce à la science des samples qui ne sont, ici, pas envahissants et placés soigneusement. En maitrisant ce phénomène et en ayant tant de technique et de variété aux instruments (que j’aime le violon), les parisiens réalisent un album complet et agréable de bout en bout. Jamais on ne s’ennuie, et on se surprend même à dire « déjà » lorsque la fin d’un morceau de 8 minutes arrive. Des prodiges vous dis-je.

Après l’introduction des personnages et le développement de l’intrigue, ne nous reste-il pas à clore le chapitre ? Cet épisode final s’appelle « The day I ruined my life », peut-être le pire titre choisi étant donné que le morceau a peut-être sauvé la mienne, et en sauvera peut-être pas mal d’autres. Intro au piano, sample d’un homme perdu qui ne sait plus quoi penser de son humanité et puis c’est le décollage. Le septième ciel n’est finalement pas si lointain, il dure simplement 9 minutes. L’espoir et la renaissance suintent de toutes parts, les riffs épiques s’enchainent, la batterie est tout simplement exceptionnelle, le piano omniprésent souligne le discours presque divin de notre narrateur. Les larmes se mettent à couler, la pression monte, on ne sait plus quoi faire, on est perdu, on a peur, et soudain vint la lumière. La lumière c’est un cri monstrueux, celui d’Olivier de Donkey Punch venu prêter main forte, une voix terrifiante véritablement portée par une instru et une ambiance démentielle. Jamais dans ma vie je n’avais été autant transporté par un morceau de ce genre, et jamais je ne le serai autant, la première fois étant inoubliable. Messieurs, bravo et merci.

 

Tracklist :

01. Intro

02. A mere shift of origin

03. I’m stuck

04. Hopes fights & disillusions

05. They’re coming

06. Under close surveillance

07. The day I ruined my life

 

Tommy

 

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