Soundgarden – « King Animal »

- 21/11/12 20:22

16 ans d’attente. L’histoire du rock nous a prouvé que les albums les plus attendus sont souvent les plus ratés (n’est-ce pas Axl Rose ?). Comment ne pas appréhender avant cette première écoute de King Animal, sorti 16 ans après Down On The Upside ? Quand l’un des 4 piliers du grunge de Seatle nous revient en 2012, l’angoisse envahit tout le milieu musical.Pourtant les derniers shows semblent de qualité et déjà ce nouvel album nous pousse à rêver un peu : et si Soundgarden nous ressortait un album digne de Superunknown ou Badmotorfinger ?

J’ai toujours eu un faible pour Soundgarden : plus travaillé que Nirvana, moins vieillot qu’Alice In Chains, moins hippy que Pearl Jam et bénéficiant surtout de l’excellente voix de Chris Cornell. L’heure est venue de vérifier si la parenthèse Audioslave lui a fait du bien !

Le titre d’ouverture « Been away too long » est une vrai perle comme Soundgarden a toujours su en pondre, un vrai retour aux sources avec toutefois quelques plans audacieux et ce petit quelque chose qui nous prend directement aux tripes. Avouons aussi que le titre fait clairement passer le message : « on a attendu longtemps et … que c’est bon » ! Rebelotte avec « Non-State Actor ». L’album démarre très fort avec des riffs incisifs et des bonnes idées partout, j’ai presque l’impression d’être de retour en 92. Bon, le souci c’est qu’en 92 je n’avais que 4 ans mais vous m’avez compris. Et c’est précisément là, après un départ tonitruant que tout s’arrête. On enchaîne avec une série de titres pas forcément mauvais, avec quelques bonnes idées mais très plats, sans dynamique, sans génie, tous un peu trop long et on commence à s’ennuyer ferme.

Il faudra attendre « Attrition » pour que le tempo s’envole un peu et que le son gras soit de retour. Ce titre est d’ailleurs l’un des mes coups de cœur, définitivement un hommage au passé du groupe. La musique de Soundgarden avait un jour été définie comme un mix d’influences Stooges / MC5 d’un côté et Black Sabbath / Led Zepellin de l’autre. S’il fallait une preuve que cette définition était fondée, la voici. Un excellent titre, plié en 3 minutes et qui nous laisse espérer que l’album va reprendre un peu de puissance et … mauvaise pioche. C’est une guitare acoustique qui nous accueille sur le presque country « Black Saturday ». Pour autant l’exercice est maîtrisé et les quelques lignes de guitares lead sont parfaitement pensées. Une bien bonne surprise agrémentée d’un pont dissonant qui titille parfaitement l’oreille.

L’idée de l’intro acoustique est reprise dès le titre suivant (« Halfway Dream ») et cette fois, ça fonctionne beaucoup moins bien. Quelle idée de mettre ses deux titres l’un après l’autre ?

Petite fulgurance de génie sur l’excellent « Worse Dreams » dont les parties de guitares, de basse et de batterie sont particulièrement réussies et dont la violence finale est purement jouissive. clairement pas original, le titre interpelle et reste en tête et ça suffit. Là encore le choix de la disposition des titres perturbe tant « Worse Dreams » aurait parfaitement clôturé l’album, certes de manière un peu cliché mais tellement efficace. D’efficacité il est encore question sur « Eyelid’s Mouth ». Il n’en faut parfois pas plus pour faire un bon titre, se contenter de faire ce qu’on fait de mieux. Et puis les backup vocals sont diablement bons et le solo de guitare est dantesque et puis quoi, c’est juste tout ce qu’on attend d’un groupe comme Soundgarden.

« Rowing » vient clore l’album. Le titre est très bon mais n’a pas du tout l’acabit d’une fin d’album et ce ne sont pas les quelques escapades noisy qui changeront la donne.

Il faut l’avouer, après plusieurs écoutes, l’album est bon, plein de petites subtilités comme il y en a toujours eu dans la musique de Soundgarden et la pochette est magnifique. Nous sommes rassurés, le groupe ne nous a pas pondu un album à la va vite histoire de faire un peu de pognon avant sa prochaine tournée. On peut en revanche regretter l’ordre des chansons particulièrement mal pensé et le manque d’un ou deux titre plus axés gros riffs. Malgré tout, on sent que cet album va continuer à se révéler dans la prochaine centaine d’écoute pour notre plus grand bonheur. S’il fallait le comparer à leurs précédentes productions, on se rapproche plutôt d’un Down On The Upside. Un peu comme si le groupe avait repris les choses exactement où ils les avaient laissées en 97.

On n’a pas encore tout à fait retrouvé le grand Soundgarden de la première partie des 90’s mais on s’en rapproche. Sans être l’album de l’année, King Animal s’en tire finalement avec les honneurs quand on sait à quel point il est dur pour un groupe de cette envergure de revenir après plus de 15 ans !

 

Tracklist :
01. Been Away Too Long
02. Non-State Actor
03. By Crooked Steps.
04. A Thousand Days Before
05. Blood On The Valley Floor
06. Bones of Birds
07. Taree
08. Attrition
09. Black Saturday
10. Halfway There
11. Worse Dreams
12. Eyelid’s Mouth
13. Rowing


Matthieu Giordano aka
Cellar Door

 

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